échantillon test exposé sous tube UV

 

        Le papier ciré sec de 1851 est une variante améliorée du négatif papier ou calotype de Henri Fox Talbot. L'idée principale, outre les modifications apportées dans le traitement chimique, est le cirage préalable du papier avant toute opération. Les conséquences sont multiples : meilleure résistance dans les bains et dans le temps (on trouve encore des papiers cirés de la Mission héliographique, visibles au musée d'Orsay ou à la SFP), possibilité de préparer le négatif chez soi et donc de partir en "excursion photographique" avec des surfaces sensibles déjà prêtes, une révolution pour l'époque. Par ailleurs, le rendu photographique obtenu est différent de celui du calotype : les meilleurs praticiens du négatif papier du XIXème siècle nous indiquent employer l'un ou l'autre de ces procédés en fonction du sujet, de manière à obtenir une netteté plus accrue, ou un velouté de l'image plus sensible.

        J'ai donc réalisé un mémoire de recherche sur le papier ciré sec, en relatant tout d'abord la génèse du négatif papier, puis la biographie de Gustave Le Gray et la mise au point de son procédé. Dans une seconde partie, j'ai recréé le procédé, avec les formulations Le Gray ou bien en essayant de les modifier. Pour de plus amples détails sur ce travail, vous pouvez en consulter le résumé en français ou bien en anglais. Il est également possible de télécharger le texte du mémoire sur ce site au format PDF ou bien via Photogramme, le site de Thierry Donnay, devenu incontournable si on s'intéresse aux procédés alternatifs, à l'adresse suivante : http://www.photogramme.org. J'ai créé cette page pour toutes les personnes qui, ayant lu mon mémoire ou non, désiraient voir à quoi peut ressembler un négatif papier ciré. Bonne visite !

 


      

        La difficulté principale, quand on essaie de recréer un ancien procédé, est le temps passé enfermé au laboratoire afin d'obtenir un protocole expérimental procurant une image correcte. Le contact de gamme situé tout en haut de cette page en est la preuve incarnée. Les négatifs qui suivent ont donc été élaborés après ce long travail d'optimisation.

        Les deux négatifs (photographies 1 et 2) ont été réalisés au printemps 2000. Le format du papier a été adapté de manière à s'insérer dans un châssis 8x10 inches, pour réaliser une exposition classique à la chambre grand format. Les dimensions exactes sont 20,3 par 24,5 centimètres. Le temps de pose utilisé se situe autour des 20 minutes, pour une Sinar P2, avec un objectif Schneider 210mm, ouvert à f/5,6. Le papier utilisé est l'Atlantis Photosafe 80g.
Le premier négatif a été obtenu en suivant le protocole Le Gray adapté aux chimies et au papier contemporain. Le second a été réalisé avec un protocole de traitement où l'étape d'ioduration est notamment modifiée (élimination du fluorure et cyanure de potassium, intoduction du bromure de potassium...).

 

nega1.JPG (48044 bytes)

 

        Si on considère le contraste et les dominantes colorées générés, on s'aperçoit que la formulation Le Gray donne un résultat plus satisfaisant pour le négatif. Cependant, il ne faut pas oublier le mode de numérisation utilisé pour ces deux papiers : c'est un scanner A4 par réflexion qui a servi, non un scanner par transmission. On ne perçoit donc que les informations en surface du papier : le "bruit" que donnerait toute l'épaisseur du papier au tirage n'est pas retransmis.

 

nega2.JPG (49718 bytes)

 

        Ainsi, on peut inverser les valeurs numériques à l'aide d'un logiciel de traitement d'images et opérer une symétrie verticale, pour simuler un rendu positif "virtuel" : c'est ce que propose l'image n°3.

 

positif_num2.JPG (56448 bytes)

 

        En comparaison, l'image n°4 montre un tirage du négatif n°2 selon la technique traditionnelle du papier salé. La teinte gris chaud est réelle, alors que la forte dominante bleue ne représente que la dominante jaune du négatif dont les valeurs numériques sont inversées.

 

papier_sale.JPG (45682 bytes)

 

        On peut toutefois observer une différence de rendu des détails, évidemment en faveur de l'image positive numérique. On remarque par ailleurs que le papier salé est très adapté au papier ciré sec en tant que technique de tirage  : les zones où, sur le négatif la densité argentique est quasi nulle (dans les angles inférieurs), les densités ne sont pas élevées à l'excès sur le tirage. Autrement dit : le négatif peut être tâché, mal développé où abîmé, la technique du papier salé permet de réduire et de compenser au mieux ces défauts.

 

NB : le bâtiment photographié est bien l'ENS Louis Lumière à Noisy le Grand.
        L'ensemble des négatifs et positifs réalisés pendant mon mémoire est visible à l'ENSLL, 7 allée du Promontoire à Noisy le Grand
        (arrêt Noisy-Champs du RER A). Renseignez-vous au CDI de l'école au 01 48 15 40 26.
        Merci de ne pas utiliser ces images sans en avertir l'auteur.