Le calotype et ses nombreuses formulations
Le procédé original de Henry Fox Talbot :
On ne peut étudier le négatif sur papier sans évoquer l'existence de celui qui mit au point, sur une très longue période, le procédé qu'il nomma calotype en 1841. L'anglais Henry Fox Talbot commence ses recherches sur la photosensibilité en 1833. Une longue période de recherches débute, ponctuée de moments de désintéressements et de motivations nouvelles, notamment sous l'impulsion de Daguerre lorsque celui-ci rend public son procédé sur métal. Le survol de cette période nous permet de mieux appréhender les modifications dans le traitement chimique du négatif papier, au cours de son utilisation historique, qui s'étend en Europe du brevet de Fox Talbot en 1841 jusqu'au début des années 1860.
Premières recherches, premiers résultats
Fox Talbot naît en 1800, dans le domaine familial de Lacock Abbey près de Chippenham, dans le Wiltshire. Cet érudit possédera toute sa vie une curiosité liée à un grand désir d'apprendre. A trente-deux ans, c'est un mathématicien doué. Il parle couramment cinq langues, traduit Macbeth en grec, aide à l'interprétation de l'écriture assyrienne[1]. Il est membre du Parlement de 1832 à 1834, et est élu membre de la Royal Society en 1833. Dans The Pencil of Nature, il évoque la raison première de son intérêt pour la photographie. En octobre 1833, il utilise pour dessiner une camera lucida de Wollaston, sur les bords du lac de Côme. Ses piètres talents de dessinateur le font renoncer à cet instrument. C'est pourquoi il revient à la méthode de la camera obscura, où l'image formée au foyer peut être dessinée au crayon sur une feuille de papier. "C'est en pensant à ces choses qu'il me vint l'idée qu'il serait merveilleux de pouvoir rendre durables ces images naturelles et de les fixer, de les "imprimer" en quelque sorte sur le papier.[2]"
L'anecdote du lac de Côme est surtout importante pour la question du matériau : elle explique l'emploi du papier comme futur support de l'image photographique. Ainsi, l'utilisation du papier découle de l'art du dessin, et non d'un choix arbitraire de la part de Fox Talbot.
Fox Talbot a peut-être commencé ses expériences fin 1833, comme l'attesteraient des lettres de remerciements envoyées par ses amis pour des dessins photogéniques[3]. Ces photogenic drawings, dans la langue de l'auteur, se réduisent à du papier enduit de nitrate d'argent, sur lequel sont disposés des objets, pour obtenir par noircissement direct à la lumière du soleil une image négative. Pour ces photogrammes primitifs, Fox Talbot n'a pas encore trouvé un moyen de stabilisation de l'image. Il améliore radicalement le procédé en décidant de rajouter au nitrate d'argent une solution saline composée de chlorure de sodium. Pour ce faire, il immerge une feuille de papier dans la solution saline, la fait sécher, et l'enduit ensuite de nitrate d'argent à l'aide d'un pinceau. Le chlorure d'argent[4] ainsi formé est photosensible sous forme sèche :
NaCl
+ AgNO3 <=> AgCl insoluble + NaNO3 soluble
Le chlorure d'argent insoluble se dépose à la surface de papier, tandis que le nitrate de sodium qui se forme peut être rincé. Fox Talbot optimise les résultats en faisant varier les concentrations de la solution saline et du nitrate d'argent. Il obtient une sensibilité maximale du chlorure d'argent pour une solution saline très faiblement concentrée. De cette constatation, il déduit la formule d'un stabilisateur de l'image, constitué par une solution de chlorure de sodium très concentrée : les chlorures d'argent non insolés restant sur la feuille ne sont alors que peu sensibles à la lumière. Fox Talbot a donc en mains un procédé relativement fiable et stable, mais celui-ci n'est applicable qu'aux photogrammes, et pas assez sensible pour la camera obscura. Cependant, en traitant le papier par des bains successifs de chlorure de sodium et de nitrate d'argent, il réussit à obtenir des négatifs placés dans de minuscules chambres noires, à très courtes focales, que sa femme se plaît à appeler souricières. Ainsi, Fox Talbot réalise pendant l'été 1835 le plus ancien négatif connu de sa part, une image de 2,5 centimètres de côté qui représente une des verrières de Lacock Abbey[5]. Le temps de pose serait descendu à une dizaine de minutes.
Après cette avancée dans ses recherches, Fox Talbot ne semble que peu s'intéresser à la photographie, ou du moins ne trouve pas le temps nécessaire pour faire progresser son invention. Quand François Arago révèle le procédé du daguerréotype le 19 août 1839 à l'Académie des Sciences, Fox Talbot a déjà tenté de faire connaître ses recherches, en envoyant des exemplaires de ses photogenic drawings à Arago et Biot[6]. Faraday, secrétaire de la Royal Institution les a déjà exposés avec succès à la bibliothèque de la société. Fox Talbot lui-même présente quelques exemplaires devant les membres de la Royal Society, le 31 janvier 1839. Cependant, il ne peut que constater l'échec de ses manœuvres, face à un Daguerre désormais maître de son procédé, et soutenu politiquement et financièrement par l'état français à travers le député Arago [7].
Vers la réalisation du calotype
Fox Talbot retourne alors vers ses études photographiques. Il abandonne le chlorure d'argent pour le bromure et le iodure d'argent, sels qu'il avait déjà étudiés en 1834. Il met plus d'un an pour découvrir le développement à l'acide gallique. Selon Joseph Maria Eder, Fox Talbot teste le 20 et 21 septembre 1840 différentes formulations de sensibilisation sur des échantillons de papier, et les exposent ensuite à la chambre noire[8]. Après la prise de vue, il observe une image sur le papier sensibilisé au nitrate d'argent et à l'acide gallique. Pour l'inventeur, il s'agit initialement d'une substance accélératrice qui ne fait qu'augmenter la sensibilité du système ; l'idée lui viendra plus tard d'utiliser ce même acide gallique comme réducteur, dans un nouveau bain appliqué après l'exposition.
Un concept essentiel de la chimie photographique vient alors d'être découvert par Fox Talbot : le développement de l'image latente, que l'on utilise encore aujourd'hui dans les procédés argentiques. Au début, Fox Talbot ne maîtrise pas tout à fait le mécanisme chimique de son procédé, mais, guidé par l'expérience, il réussit à obtenir un système fiable. On constate en effet, dans le brevet de Fox Talbot sur le calotype en 1841, la présence de l'acide gallique dans la formulation de sensibilisation. Or, dans toutes les formulations françaises du négatif papier, depuis la communication de Blanquart-Evrard en 1847, l'acide gallique est absent dans l'étape de sensibilisation. Celui-ci est en effet inutile à ce stade, car il n'augmente nullement la sensibilité du papier, et doit être réservé au développement.
Il convient de rappeler que Fox Talbot n'a pas découvert le premier le pouvoir réducteur de l'acide gallique. Au début du XIXème siècle, Thomas Wedgwood a réalisé des essais reprenant le principe des photogrammes par noircissement direct sur une feuille enduite de nitrate d'argent. J. B. Reade reprend ses travaux en améliorant les résultats par ajout d'acide gallique avant la pose. Son choix pour cet acide proviendrait du fait qu'il était utilisé à l'époque pour le tannage du cuir[9]. Reade confond cependant l'usage de l'acide gallique : il l'utilise comme "accélérateur", et non comme développateur. Talbot est mis au courant des travaux de Reade par un ami commun, Andrew Ross, opticien fournissant les deux hommes en matériel, en avril 1839. Ses premiers essais ne sont cependant pas concluants[10].
Le mot calotype est utilisé par Fox Talbot, pour la première fois dans la presse, le 19 février 1841 dans la Literary Gazette. L'inventeur brevette son procédé en Angleterre le 8 février 1841, sous le numéro 8842 ; en France, le 20 août 1841. On retrouve le texte du brevet six ans plus tard dans le bulletin de la Société française de photographie[11]. La préparation du papier est la suivante :
Etapes |
Produits utilisés |
Méthode d'enduction |
Ioduration |
Eau distillée 187
cm3 Iodure de potassium
6g |
Etendage au pinceau doux |
Sensibilisation |
A : Nitrate d'argent 6g Eau
distillée 62 cm3 Acide acétique concentré (un sixième du volume) B : solution saturée d'acide gallique |
Mélange des parties A et B à volume égal, et étendage sur la feuille au pinceau doux |
Développement |
Idem |
Immersion et chauffage |
fixage[12] |
Bromure de potassium 6g Eau 280 cm3 |
Immersion |
Lavage |
Eau |
- |
Formulation du procédé de
Fox Talbot (brevet du 8 février 1841).
Ainsi, dans cette version du calotype, le papier n'est pas encore fixé, mais simplement stabilisé de manière temporaire. Ceci engendre une dégradation naturelle de l'image par réhalogénation partielle de l'argent obtenu par développement[13]. Fox Talbot donne un moyen pour y remédier, en conseillant un second développement au gallo-nitrate d'argent, ainsi qu'une stabilisation[14]. Il est étrange à ce stade que Fox Talbot ne propose pas un véritable fixage utilisant l'hyposulfite de soude, d'autant plus qu'il est au courant de son utilité en photographie depuis 1839. En effet, le premier février 1839, il rencontre le chimiste et astronome sir John Herschel[15] qui lui annonce la capacité de l'hyposulfite de soude à dissoudre les halogénures d'argent, et Fox Talbot communique cette information dans une lettre à Biot du 4 mars 1839[16].
Cependant, l'utilisation de l'hyposulfite de soude[17] au début de l'histoire de la photographie est mal maîtrisée, et l'inventeur du calotype n'a pas encore conscience de l'importance du rinçage final de l'épreuve, qui permet d'éliminer les composés soufrés sur l'image et d'éviter ainsi la formation ultérieure de sulfure d'argent. De plus, le bain de fixage est très énergique et génère des pertes visibles de densité, surtout dans le cas de papiers négatifs ou positifs à noircissement direct qui nécessitent un long temps d’exposition. Pour ces systèmes, l'argent photolytique qui est formé sous l'effet de la lumière possède une morphologie très dispersive ; il est ainsi plus fragile . On peut encore invoquer le coût élevé de l'hyposulfite de soude au milieu du XIXème siècle. Malgré tout, Fox Talbot rectifie son procédé et prend un second brevet le premier juin 1843, pour le fixage à l'hyposulfite de soude et pour le cirage du calotype négatif après traitement[18]. Ce brevet évoque aussi la possibilité d'agrandir les négatifs au tirage.
On note dans le brevet du 8 février 1841 que l'ioduration est la première étape de traitement du papier. Or, quatre mois plus tard, Fox Talbot envoie une communication à la Royal Society au sujet de son procédé, dans laquelle une étape a été ajoutée[19]. Il s’agit d’un bain de nitratation qui se place avant l'ioduration. La composition en nitrate d’argent est la même que pour la sensibilisation ; de plus, Fox Talbot modifie quelques concentrations :
Etapes |
Produits utilisés |
Méthode d'enduction |
Nitratation |
Nitrate d'argent 6g Eau distillée 62 cm3 |
Etendage au pinceau doux |
Ioduration |
Eau distillée 570
cm3 Iodure de potassium
30g |
Etendage au pinceau doux |
Sensibilisation |
A : Nitrate d'argent 6g Eau
distillée 62 cm3 Acide acétique concentré (un sixième du volume) B : solution saturée d'acide gallique |
Mélange des parties A et B à volume égal, et étendage sur la feuille au pinceau doux |
Développement |
Idem (solution de gallo-nitrate d'argent) |
Immersion et chauffage |
Fixage |
Bromure de potassium 6g Eau 280 cm3 |
Immersion |
Lavage |
Eau |
- |
Formulations du procédé de
Fox Talbot (version corrigée après le brevet de 1841).
C’est cette formulation du calotype qui est retenue en général, dans la littérature historique[20]. La nouvelle étape de nitratation complique le processus chimique du procédé, car l’argent formé en fin de traitement a deux origines possibles : le nitrate d’argent préalablement enduit et séché sur la feuille, ou le nitrate d’argent présent dans la solution de sensibilisation. Cette complication engendre une fragilité relative de l'image.
Le procédé et son public, une reconnaissance en demi-teinte
L'épisode du Pencil of Nature qui suit l’optimisation du procédé de négatif sur papier représente la première tentative "d'imprimerie photographique"[21]. En 1843, Fox Talbot place Nicolas Henneman, son aide au laboratoire, à la tête d'un établissement à Reading, dans le but d'éditer le premier livre en série illustré avec des photographies. Sur un plan purement commercial, c'est un échec, si l'on considère la quantité de livres diffusés, principalement à cause du mode de tirage utilisé : le noircissement direct des positifs, outre le temps pris dans le châssis-presse, n'est pas possible en hiver, période pendant laquelle la lumière du soleil est peu riche en radiations ultraviolettes. Sur un plan historique, c'est un bouleversement[22]. Pencil of Nature paraît de juin 1844 à avril 1846 en six livraisons ; 286 exemplaires de la première livraison sont vendus, mais le nombre de cotisations diminue jusqu'en 1846 en raison de la mauvaise conservation des images ainsi que du prix élevé du livre[23]. A raison de quatre ou cinq images par livraison, c'est finalement un livre contenant vingt-quatre photographies qui est constitué. Dans la longue introduction précédant les images, Fox Talbot évoque le déroulement de ses recherches ; cependant, la description technique du calotype reste très anecdotique, et il n'est pas même question du développement de l'image par l'acide gallique[24].
A cause des brevets, la diffusion du calotype en Angleterre ne connaît pas un grand essor. Il n'en est heureusement pas de même en Ecosse, où les célèbres patents de Fox Talbot ne s'appliquent pas. Ce particularisme écossais permet à deux hommes de développer le calotype d'un point de vue artistique et technique, Robert Adamson et le peintre David Octavius Hill. Initialement, David Brewster, en contact avec Fox Talbot, converse au sujet du calotype avec son collègue John Adamson en 1842. Ce dernier initie son frère Robert, et les deux hommes optimisent petit à petit le procédé, jusqu'en 1843. Robert ouvre un studio photographique à Edimbourg. Le peintre et lithographe Hill, mis au courant par Brewster, s'associe à Adamson et les deux hommes entreprennent en 1843 un projet d'envergure consistant à réaliser les portraits de 500 personnalités de l'Eglise écossaise réunie en conclave, pendant quelques jours seulement [25].
La situation en France n'est pas comparable car le daguerréotype, principal concurrent du calotype, n'est pas contraint par la loi sur les brevets. En 1842, Fox Talbot envoie quelques calotypes à l'opticien Charles Chevalier, chez qui il se fournit en matériel. Malgré l'enthousiasme de Chevalier, l'échange n'amène pas de suites[26]. En mai 1843, Fox Talbot et Nicolas Henneman effectuent une démonstration du procédé à l’Institut de France, à Paris[27]. L’inventeur anglais n’enregistre qu’une seule licence, celle du marquis de Bassano en 1844. La méconnaissance du procédé est telle que les calotypes aperçus en France sont parfois appelés daguerréotypes sur papier.
Par ailleurs, l'élaboration d'un calotype étant encore trop artisanale, les premiers photographes à l'utiliser ont beaucoup de difficultés à obtenir des résultats satisfaisants[28]. Le procédé tombe alors peu à peu dans l'oubli, et met trois ans avant d’être redécouvert par Blanquart-Evrard.
La mise au point du calotype par Henry
Fox Talbot, de 1833 à 1843
Epoque d'utilisation |
1833 |
Entre 1833 et 1835 |
Eté 1835 |
Fin Septembre 1840 |
Brevet du 8 février 1841[29] |
Rectificatif de l'été 1841 |
amelio -rations vers 1843 |
Nom |
Photogenic drawings
(primitifs) |
Photogenic drawings |
Photogenic drawings
(améliorés) |
- (utilisation primitive de l'acide gallique) |
Calotype |
Calotype |
Calotype |
Nitratation |
- |
- |
Nitrate d'argent enduit au pinceau |
- |
- |
Nitrate d'argent enduit au pinceau |
Nitrate d'argent enduit au pinceau |
Salage |
- |
Solution peu concentrée de chlorure de sodium |
Solution peu concentrée de chlorure de sodium |
- |
- |
- |
- |
Ioduration |
- |
- |
- |
Iodure ou bromure de potassium |
Iodure de potassium |
Iodure de potassium |
Iodure de potassium |
Sensibilisation |
Nitrate d'argent enduit au pinceau |
Nitrate d'argent enduit au pinceau |
Nitrate d'argent enduit au pinceau[30] |
Nitrate d'argent et acide gallique |
Nitrate d'argent, acide acétique et acide gallique |
Nitrate d'argent, acide acétique et acide gallique |
acide acétique et acide gallique, puis Nitrate d'argent |
Exposition |
Noircissement direct, au soleil |
Noircissement direct, au soleil |
Noircissement direct, dans de petites chambres |
Noircissement direct, dans de petites chambres |
A la chambre photographique (D. O. P.) |
A la chambre photographique (D. O. P.) |
A la chambre, en chauffant le papier au préalable[31] (D. O. P.) |
Développement |
- |
- |
- |
- |
Nitrate d'argent, acide acétique et acide gallique |
Nitrate d'argent, acide acétique et acide gallique |
Nitrate d'argent, acide acétique et acide gallique |
Stabilisation |
- |
Solution concentrée de chlorure de sodium |
Solution concentrée de chlorure de sodium |
Bromure de potassium[32] |
Bromure de potassium |
Bromure de potassium |
- |
Fixage |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
Hyposulfite de soude |
lavage |
? |
? |
? |
Eau |
Eau |
Eau |
Eau[33] |
Le procédé de Blanquart-Evrard :
On ne sait comment Louis-Désiré Blanquart-Evrard a commencé à s'intéresser à la photographie. Son habileté au laboratoire lui vient de l'enseignement du chimiste Kuhlmann qu'il a suivi à Lille en 1826. Il pratique la peinture sur toile, sur ivoire et sur porcelaine. En 1831, Blanquart-Evrard épouse la fille d'un négociant en draps et s'associe avec son beau-père[34]. S'intéressant à la photographie, il prend connaissance du procédé de Fox Talbot par l'intermédiaire de Tanner, élève et collaborateur de ce dernier, en 1844. Trois ans plus tard, les praticiens de la daguerréotypie et tous les curieux ont l'étonnement de se voir proposer un procédé de négatif sur papier par un négociant en drap lillois ; Blanquart-Evrard transmet en effet une première communication à l'Académie des Sciences, Procédés employés pour obtenir les épreuves de photographie sur papier[35], qui est lue par Arago le 27 janvier 1847. Quelques mois plus tard, il publie Procédés employés pour obtenir les épreuves de photographie sur papier, à Paris chez l'éditeur Charles Chevalier ; l'ouvrage représente le premier traité français significatif de photographie sur papier.
Le procédé du lillois n'est en fait que le fruit des améliorations qu'il a apportées au calotype de Fox Talbot. Cependant, peu nombreuses sont les personnes qui reconnaissent le procédé de l'inventeur anglais, la filière du négatif positif étant à l'époque quasi inexistante en France[36]. De plus, Blanquart-Evrard ne fait pas mention dans son traité de Fox Talbot et de son procédé. Ce dernier est d'ailleurs outré de l'attitude du français[37]. Quelques-uns des historiens de la photographie du XIXème siècle rectifient cet oubli la décennie suivante, tel Auguste Belloc :
"En 1847, M. Blanquart-Evrard s'annonça à l'Académie des Sciences comme possesseur d'une méthode de photographie sur papier, qu'il offrait de révéler, à la condition qu'elle serait publiée sous son nom dans les Comptes rendus de ses séances. On crut à un nouvel enfantement, ce n'était qu'une résurrection d'enfant mort-né.[38]"
Toutefois, dans son rappel historique, Belloc nuance la sombre image du nourrisson en reconnaissant à Blanquart-Evrard le progrès engendré par son imprimerie photographique.
Dans son traité, le lillois évoque les problèmes liés au calotype - sans le nommer -, notamment la méthode d'enduction des réactifs sur une seule face de la feuille, au pinceau[39]. Il lui substitue le système de flottaison ou d'immersion de la feuille. Les dosages utilisés sont les suivants :
Etapes |
Produits utilisés |
Méthode d'enduction[40] |
Nitratation |
Nitrate d'argent 1 partie Eau distillée 30 parties |
1 minute par flottaison de la feuille |
Ioduration |
Eau distillée 560
parties Iodure de potassium 25 p. Bromure de
potassium 1 p. |
1 à 2 minutes par immersion |
Sensibilisation |
Nitrate d'argent 6 parties Eau distillée 64
parties Acide acétique cristallisable 11 parties |
Par application sur une plaque de verre enduite avec la solution, du côté ioduré |
Développement |
Solution saturée d'acide gallique |
Par immersion |
Fixage |
Bromure de potassium 1 p. Eau distillée 40 parties |
Immersion |
Lavage |
Eau |
A grande eau |
Formulations de
Blanquart-Evrard (traité de 1847).
Si on remplace le terme partie utilisé par Blanquart-Evrard par gramme, on retrouve de nombreux dosages similaires au procédé Talbot. Mais il est plus intéressant de noter les nouveautés introduites par le lillois. Toutes les étapes ont été conservées, mais la principale différence dans la formulation est l'abandon de l'acide gallique dans la solution de sensibilisation. Selon William Crawford, on gagne ainsi en sensibilité générale et en netteté[41]. Quant à l'immersion de la feuille dans le bain de ioduration, Helmut Gernsheim note que l'image obtenue est moins contrastée et possède une plus grande modulation de gris. Il ajoute que l'obligation de sensibiliser la feuille au noir juste avant l'exposition est un inconvénient non négligeable[42].
Dans le traité, Blanquart-Evrard insiste sur sa nouvelle méthode pour placer la feuille sensibilisée à l'intérieur de la chambre noire. Le système qu'il introduit dans le châssis est composé de deux glaces en verre, de plusieurs feuilles de papier imbibées d'eau distillée et du négatif papier. Les feuilles humidifiées adhèrent automatiquement sur la glace arrière, et permettent la fixation naturelle du négatif papier, utilisé lui aussi humide.
Méthode Blanquart-Evrard
pour placer le négatif dans le châssis de la chambre.
Dans son traité de 1850, Gustave Le Gray évoque cette méthode mais conseille de veiller à l'extrême propreté des glaces, et d'employer pour les essuyer du papier Joseph, plus absorbant pour les liquides et les poussières que les chiffons classiques[43]. Il préfère utiliser une ardoise dans le châssis, sur laquelle il applique une feuille imbibée d'eau et le négatif papier. Dans une publication de Chevalier, Edmond de Valicourt note que la méthode pratique utilisée par Blanquart-Evrard est déjà utilisée par Fox Talbot, et s'étonne de cette similitude[44].
Blanquart-Evrard conclut son traité sur un commentaire visionnaire du rôle futur de la photographie sur papier, dans une optique plus technique et commerciale qu'artistique[45]. Naef Weston J. s'interroge sur la fiabilité du procédé de 1847, étant donné le faible nombre d'épreuves négatives et de leurs tirages respectifs que l'on possède de cette époque[46]. Il est vrai que le traité de Blanquart-Evrard de 1847 réussit surtout à évoquer une alternative au daguerréotype, mais certainement pas une démocratisation du négatif papier. Seules quelques personnes, dont Le Gray, testent le procédé de Blanquart-Evrard, étant donné le faible développement de la filière négatif positif en 1847, notamment pour l'élaboration du positif.
Cependant, un autre ouvrage traitant de la photographie sur papier est publié en 1847, par un docteur en médecine de la faculté de Paris, Guillot-Saguez[47]. Celui-ci reprend une grande partie des travaux de Fox Talbot et Blanquart-Evrard, mais apporte un changement important, qui consiste en l'élimination du premier bain de nitratation. Son papier reprend alors dans sa préparation la configuration de tous les futurs procédés de photographie sur papier de la décennie à venir. Les formulations sont les suivantes :
Etapes |
Produits utilisés |
Méthode d'enduction |
Ioduration |
Eau distillée 120g Iodure de potassium
5g |
Immersion pendant 1 minute |
Sensibilisation |
Nitrate d'argent 5g Eau distillée 60g Acide acétique cristallisable 10g |
Par application sur une plaque de verre enduite avec la solution |
Développement |
Solution saturée d'acide gallique |
Par application sur une plaque de verre enduite avec la solution, 4 à 5 minutes |
Stabilisation |
Bromure de potassium 5g Eau 270g |
Immersion pendant 3 à 4 minutes |
Lavage |
Eau |
- |
Formulations du procédé de
Guillot-Saguez (1847).
Nous n'avons pas trouvé de traces écrites des sources techniques utilisées par Le Gray pour la photographie sur papier, mais l'année 1847 est fondamentale pour l'inventeur du papier ciré, car c'est à ce moment qu'il commence à s'intéresser à la photographie. Il n'est donc pas improbable que Le Gray ait parcouru les traités de Blanquart-Evrard et de Guillot-Saguez. Dire qu'il était au courant des travaux de Fox Talbot est moins évident.
Le traité de Blanquart-Evrard de 1847 est certes important, mais les photographes de l'époque ont surtout retenu les formulations qu'il publie en 1851, dans un second traité[48]. Nous avons consulté cet ouvrage ; celui-ci a le tort d'être trop fourni, car l'auteur y inclut de nombreux procédés aux dénominations diverses, mais dont les différences sont très limitées. Blanquart-Evrard établit une distinction entre les procédés secs et les procédés humides, mais les premiers reprennent les mêmes formulations chimiques que les derniers. Ainsi, la différence entre la méthode sèche et la méthode humide se borne à essuyer le papier sensibilisé au buvard et à le placer entre les deux glaces du châssis. Avec cette pseudo-méthode sèche, le papier doit être utilisé dans la journée, ce qui indique qu'en fait il est humide pendant l'exposition…
Les procédés humides sont au nombre de quatre : papier négatif à l'iodure de potassium, papier négatif au sérum, papier négatif à l'albumine et papier négatif au bromure d'iode. Les différences entre ces papiers se limitent à l'étape de ioduration. Le premier négatif papier est peu intéressant, car l'ioduration ne comporte que de l'iodure de potassium et de l'eau distillée. Le dernier n'a pas eu beaucoup de retentissements dans la littérature ; son ioduration est constituée d'iode en grain et de bromure en solution. Les deux autres procédés qui combinent un encollage à l'ioduration ont été plus utilisés et méritent d'être décrits :
Etapes |
Produits utilisés |
Méthode d'enduction |
Ioduration 1 (sérum)[49] |
Sérum de lait 0,5 L 1 blanc d'œuf iodure de potassium 5% en poids |
Immersion pendant 2 minutes |
Ioduration 2 (albumine)[50] |
Par blanc d'œuf : Iodure de potassium 30 goutt. Bromure de
potassium 2 gout. |
Imprégnation du papier sur une surface ; coup de fer chaud sur la feuille sèche |
Sensibilisation |
Nitrate d'argent 1 parties Eau distillée 8
parties Acide acétique cristallisable 2 parties |
Par application sur une plaque de verre enduite avec la solution, du côté ioduré, ou bien par flottaison |
Développement |
Solution saturée d'acide gallique |
Par immersion |
Fixage |
Bromure de potassium 30g Eau distillée 100g |
Immersion pendant 2 minutes |
Lavage |
Eau |
A grande eau |
Formulations de deux
procédés humides de Blanquart-Evrard (1851).
Il est important de constater que Blanquart-Evrard s'est rangé aux procédés de Guillot-Saguez et de Le Gray, en éliminant le premier bain de nitratation. Le premier traité de Le Gray datant de 1850, Blanquart-Evrard a très probablement lu celui-ci. D'ailleurs, l'idée d'encoller le papier en même temps que l'ioduration est utilisée par Le Gray dans le traité de juillet 1851. Mais, dans le jeu des antériorités, il faut prendre en compte le fait que Blanquart-Evrard fait part de ses nouvelles formulations dans une communication adressée à l'Académie des Sciences le 27 mai 1850[51]. Il est donc difficile d'établir les rapports entre les deux hommes, et encore plus de déterminer lequel s'est appuyé sur l'autre.
Le procédé de Blanquart-Evrard connaît un succès certain, comme l'attestent les photographies que Maxime du Camp ramène de son voyage en Egypte avec Flaubert, de 1850 à 1852. Nous développerons cet exemple dans le chapitre du papier ciré sec, Maxime du Camp, élève de Le Gray, ayant testé son procédé en Egypte.
Baldus est resté durant sa vie un homme discret, plus connu à travers ses œuvres que par ses communications d'ordre technique. Si nous l'incluons dans le chapitre des procédés précurseurs du papier ciré sec, c'est qu'il publie en 1852 un mémoire décrivant un procédé de négatif papier non ciré avant traitement. Ce mémoire se situe donc chronologiquement un an après la publication de Le Gray sur le papier ciré sec, mais le procédé de Baldus n'appartient pas à la constellation des procédés consistant à modifier le huilage du papier, suite à la nouvelle méthode de cirage de Le Gray.
Edouard-Denis Baldus naît à Grunebach, en Prusse, en 1813. Il émigre en France, vit un moment à New York entre 1840 et 1850. En 1849, il est déjà photographe professionnel[52]. En 1851, il est parmi les cinq photographes choisis par la Commission des monuments historiques pour la Mission héliographique. Le 27 mai 1852, il dépose un mémoire à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale relatif au procédé de négatif sur papier qu'il a utilisé pendant la Mission héliographique[53].
Etapes |
Produits utilisés |
Méthode d'enduction |
Encollage |
Gélatine blanche 10g Eau distillée 500g Iodure de potassium 5g Acéto-nitrate d'argent 25g |
6 à 10 minutes par flottaison de la feuille sur la solution |
Ioduration |
Eau distillée 100g Iodure de potassium
1g |
6 à 10 minutes par immersion |
Sensibilisation |
Nitrate d'argent 6g Eau distillée 100g Acide acétique cristallisable 12g |
Par application sur une plaque de verre enduite avec la solution, du côté ioduré, 5 à 6 minutes |
Développement |
Solution saturée d'acide gallique |
Par immersion |
Stabilisation |
Bromure de potassium 3g Eau distillée 100g |
Par immersion, 30 minutes au moins |
Lavage |
Eau |
A grande eau |
Formulations du procédé
humide de Baldus pour paysages et monuments (1852).
Le principe fondamental de sa méthode est, on le voit, l'utilisation d'un encollage à la gélatine couplé avec une première ioduration et une première nitratation. Cette préparation atypique où le papier reçoit dans une première étape l'ensemble des réactifs est unique dans toute l'histoire du négatif papier. "Cette première préparation laisse dans le papier une couche de gélatine complètement insoluble ; elle en resserre les pores, et forme en même temps à la surface une autre couche mince de gélatine, chargée d'iodure d'argent non précipité, et déjà un peu sensible à la lumière.[54]"
Nous ne savons pas si cet encollage augmente réellement la transparence du papier, comme il est généralement admis dans la littérature historique, mais il procure surtout une grande finesse de l'image. Les critiques de l'époque vont même jusqu'à comparer le tirage d'un négatif de Baldus au tirage d'un négatif sur verre[55]. Malheureusement, le procédé est peu diffusé, le traité n'étant pas réimprimé ni traduit, et Baldus ne l'enseignant qu'à de rares étudiants.
Dans son mémoire, Baldus évoque aussi une préparation pour un négatif papier destiné au portrait. La méthode nécessite un papier encollé à l'amidon. L'ioduration est constituée de produits chimiques peu usités : hydriodate et hydrobromate d'ammoniaque en solution. La terminologie de celles-ci n'est sans aucun doute plus actuelle. On retrouve cependant les composés de l'iode et du brome. On obtient avec ce papier une plus grande sensibilité, et donc un temps de pose moins long. Pour le fixage des deux méthodes, Baldus note aussi l'emploi possible d'une dissolution de chlorure de sodium saturé, ou bien d'une solution d'hyposulfite de soude acidifiée :
Eau…………………………………………………………100g
Hyposulfite de soude……………………………………… 7g
Acide acétique pur………………………………………… 1g
Nous parlerons, dans le chapitre traitant des papiers anciens, du paragraphe important que Baldus développe dans son mémoire sur le problème des papiers du commerce, ainsi que sur le choix des papiers en fonction de leur utilisation.
[1] André Jammes, William Henry Fox Talbot inventor of the negative-positive process,
Collier Books, New York, 1973, p. 6.
[2] Henry Fox Talbot, The Pencil of Nature, 1844-1846,
fac-similé, Da Capo Press, New York, 1969, n. p.
[3] Harold White, The father of modern Photography. An account of the life of William Fox
Talbot, Kodak Limited, s. l., 1951, p. 4.
[4] Joseph Maria Eder explique
le choix de Talbot pour l'halogène chlore : en 1834, il apprend que Sir H. Davy
avait observé vingt ans plus tôt la plus grande sensibilité à la lumière du
iodure d'argent par rapport au chlorure d'argent, alors que Talbot avait trouvé
l'opposé. (le papier enduit de iodure d'argent noircissait moins en l'exposant
chez Talbot que le chlorure d'argent). Il observa même qu'un excès de iodure
d'argent annulait la sensibilité des sels d'argent, et utilisa ce produit comme
stabilisateur, à l'instar d'une solution saline. History of Photography,
Dover, New York, 1972, réédition traduite par E. Epstean, p. 318.
[5] Le papier porte une
inscription de l'auteur : "Fenêtre à
petits carreaux de verre, au nombre d'environ deux cents ils pouvaient être
comptés à la loupe". André Jammes, 1839, la Photographie révélée, Centre National de la Photographie et
Archives Nationales, Paris, 1989, p. 38.
[6] Jean-Baptiste Biot (1774-1862), physicien français, professeur au collège de France et membre de l'Académie des Sciences a été un proche de François Arago.
[7] Au sujet de cette période, lire André Jammes, op. cit., p. 38, 43, 44. Voir aussi Anne McCauley, "Arago, l'invention de la photographie et le politique", Etudes photographiques, n°2, mai 1997, p. 6-43.
[8] Joseph Maria Eder, op. cit., p. 321-322. On trouve en effet l'emploi de l'acide
gallique dans les carnets de Talbot pour la première fois le 20 septembre 1840
: "2Waterloo paper washed with
nitrate silver + [gallic acid] is very sensitive, and turns very blacks".
Larry Schaff, Records of the dawn of
photography, University Press, Cambridge, 1996, référence Q39, n.p. Talbot
est même allé jusqu'à découper dans son carnet chaque endroit de la feuille où
il avait écrit le mot gallic acid, de
peur que ses notes ne tombent entre de mauvaises mains.
[9] Helmut Gernsheim, A concise history of photography, Thames
and Hudson, London, 1965, p. 26.
[10] David B. Thomas, The first negatives, an account of the
discovery and early use of the negative-positive photographic process, H.
M.'s stationery office, London, 1964, p. 9. Harold White cite sans le nommer un
historien de la photographie critiquant les recherches de Talbot : « The balls thus passed from Wedgwood to
Reade, who tossed it to Fox Talbot, who threw it into the Patent Office… »
op. cit., p. 5.
[11] Juillet, p. 222. Ce texte est par ailleurs repris dans la réédition de l'ouvrage du capitaine Colson (Mémoires originaux des créateurs de la photographie, Georges Carré et C. Naud éditeurs, Paris, 1898) par l'éditeur Jean-Michel Place, Paris, 1989, p. 94.
[12] Ce terme est celui utilisé dans la traduction originale. Le terme exact qui s'applique à ce traitement est la stabilisation.
[13] Le problème est aussi présent pour les tirages sur papier salé du Pencil of Nature ; outre la réhalogénation, la stabilisation au chlorure de sodium convertit les chlorures d'argent non insolés en sels plus ou moins solubles, et en complexes insolubles moins sensibles à la lumière que sous leur forme originale. Lire Anne Cartier-Bresson, Les épreuves photographiques sur papier salé, thèse de doctorat, Université de Paris I, 1984, p. 27.
[14] "Quand une épreuve calotype a fourni un certain nombre de bonnes copies, elle s'affaiblit quelquefois, et les autres copies deviennent inférieures. On peut y remédier au moyen d'un procédé qui rend de la vigueur aux épreuves calotypes. Pour cela, il suffit de les laver à la lumière d'une bougie avec du gallo-nitrate, et de les chauffer ; cette opération force les ombres à noircir sans altérer en rien les blancs. L'épreuve doit ensuite être fixée une seconde fois." Fox Talbot cité par C. Colson, op. cit., p. 98.
[15] D'après
Helmut Gernsheim, Herschel met au point un procédé de négatif papier dès le 29
janvier 1939, sur papier sensibilisé au carbonate d'argent, fixé à
l'hyposulfite de soude. Le 14 mars, il montre trente-trois photographies
positives et négatives sur papier à la Royal Society. (op. cit., p. 27).
[16] Fox Talbot cité par C. Colson, op. cit., p. 88.
[17] Herschel découvre en 1819
la capacité de l'hyposulfite de soude à dissoudre plusieurs sels. Le terme
chimique est incorrect et représente en fait le thiosulfate de sodium. On a
corrigé ce terme dans la littérature dès 1869, mais l'expression est restée. Voir Crawford William, The keepers
of light, Morgan and Morgan, New York, 1979, p. 21.
[18] "Waxing of papers", n°9753, repert. of pat. Invent., janvier 1844, p. 47.
[19] Arthur Booth, William Henry Fox
Talbot Father of modern photography, Arthur Barker, Londres, 1965, p. 68.
[20] Comme on peut le lire chez Joseph
Maria Eder, op. cit., p. 323, ou chez Helmut Gernsheim dans The origins of photography, Thames and
Hudson, London, 1982, p. 238.
[21] Il faut entendre par ce terme ambigu l'action de reproduire des images par une méthode chimique, et non de les imprimer à l'aide d'un procédé photomécanique.
[22] "Its importance [the Pencil of Nature] in the history of photography is
comparable to that of the Gutenberg Bible in printing." Beaumont
Newhall, introduction du Pencil of Nature,
fac-similé par Da Capo Press, New York, 1969, n. p.
[23] Harold White, op. cit., p. 47.
[24] Fox Talbot, The Pencil of Nature, op.
cit., n. p.
[25] Stevenson Sara, Hill and
Adamson's. The fishermen and women of the firth of forth, Scottish national
portrait gallery, sans lieu, 1991, p. 9.
[26] David B. Thomas, op. cit., p. 38.
[27] Helmut Gernsheim, op. cit., p. 237.
[28] "Malgré tout, le procédé Talbot n'eut point de succès. Les rares photographes qui l'employèrent eurent des mécomptes ; les manipulations étaient difficiles, la réussite incertaine, l'image insuffisante. On y renonça." Georges Potonniée, Histoire de la découverte de la photographie, Paul Montel, Paris, 1925, p.204.
[29] Pour les dosages précis, consulter le chapitre : Le procédé original de Henry Fox Talbot.
[30] Utilisation par bains successifs de nitrate d'argent et de chlorure de sodium.
[31] Ceci pour augmenter la
sensibilité du procédé. Il faut aussi noter le brevet n°9753 pris par Talbot du
1 juin 1843 pour, entre autres, le cirage du négatif après traitement. Lire à ce sujet H. J. P. Arnold, William
Henry Fox Talbot Pioneer of photography and man of science, Hutchinson
Benham, London, 1977, p. 136.
[32] A cette époque, Fox Talbot teste aussi l'iodure de potassium pour la stabilisation, l'hyposulfite de soude pour le fixage.
[33] On peut penser que Fox Talbot maîtrise mal le lavage, étant donné les problèmes de conservation qu'il a rencontrés avec les exemplaires du Pencil of Nature.
[34] Pour de plus amples détails
sur la biographie de Blanquart-Evrard, consulter la monographie d'Isabelle
Jammes, Blanquart-Evrard et les origines
de l’édition photographique française, Librairie Droz, Genève, 1981, p. 22.
[35] Comptes-rendus de l'Académie
des Sciences, 1847, tome XXIV, p. 117-123. La première communication de
Blanquart-Evrard à l'Académie des Sciences date du 28 septembre 1846 où le
lillois envoie deux images photographiques sur papier, sans explications
techniques. (lire Jean-Claude Gautrand, Blanquart-Evrard,
Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais, Lille, 1999, p. 18-19).
Il est étonnant de constater que dès lors, le terme calotypie ne sera plus utilisé en France, et qu'il est constamment
remplacé par le terme générique photographie
sur papier, en opposition à photographie sur métal ou sur verre.
[36] "Et ce qui montre combien celle-ci [la photographie sur papier] était peu utilisée alors, c'est que personne ne reconnut le procédé de Talbot que Blanquart avait à peine modifié." Georges Potonniée, op. cit., p. 250.
[37] Dans le traité de Blanquart-Evrard, seule une note de l'éditeur Charles Chevalier évoque Fox Talbot : "Cependant les admirables épreuves obtenues en Angleterre par M. Talbot faisaient vivement regretter aux amateurs l'absence d'une méthode certaine, qui pût les conduire au même résultat." (non paginé). Au sujet de l'omission de Blanquart-Evrard, lire Jean-Claude Gautrand, op. cit., p. 22.
[38] Auguste Belloc, Les quatre branches de la photographie, Traité complet théorique et pratique des procédés de Daguerre, Talbot, Niepce de Saint-Victor et Archer, L'auteur, Paris, 1855, p. XXXII.
[39] "…cette opération chargeant inégalement la surface du papier, celle-ci étant inégalement impressionnée à la lumière lors de l'exposition à la chambre noire, les réactions chimiques qui suivaient cette exposition accusaient toutes ces inégalités…" Blanquart-Evrard, op. cit., p. 4.
[40] Si des temps pour les différentes opérations sont notés, c'est qu'ils proviennent de l'ouvrage concerné. Cependant, s'il n'y a pas d'indication de temps, c'est que l'auteur ne l'a pas mentionné.
[41] William Crawford, op. cit., p. 38. Le temps de pose est diminué par quatre par rapport au calotype.
[42] Helmut Gernsheim, op. cit., p. 238.
[43] Gustave Le Gray, Traité pratique de photographie sur papier
et sur verre, Baillère, Paris, 1850, p. 9.
[44] Charles Chevalier, Recueil de mémoires et de procédés nouveaux concernant la photographie sur plaques métalliques et sur papier, Baillère, Paris, 1847, p. 92.
[45] "Ainsi, la facilité d'exécution, la certitude de l'opération, l'abondante reproduction des épreuves, voilà trois éléments qui doivent dans un temps prochain faire prendre à cette branche de Photographie une place importante dans l'industrie ; car, si elle est appelée à donner à l'homme du monde des souvenirs vivans de ses affections, elle procurera aux savans des dessins exacts de mécanique, d'anatomie, d'histoire naturelle ; aux historiens, aux archéologues, aux artistes enfin, des vues pittoresques, des études d'ensemble et de détail des grandes œuvres d'art antique et du moyen-âge, dont les rares dessins ne sont le partage que du petit nombre." Blanquart-Evrard, op. cit., p.11 (orthographe non corrigée).
[46] Naef Weston J., Regards sur la photographie en France au
XIXe siècle. 180 chef-d'œuvres de la Bibliothèque Nationale,
Berger-Levrault, Paris, 1980, p. 17.
[47] Guillot-Saguez, Méthode théorique et pratique de photographie sur papier, Masson, Paris, 1847.
[48] Blanquart-Evrard, Traité de photographie sur papier, librairie encyclopédique Roret, Paris, 1851.
[49] Méthode pratique : filtrer 0,5 L de sérum de lait à travers un linge fin. Battre un blanc d'œuf dans le filtrat. Faire bouillir. Filtrer dans un papier. Dissoudre à froid le iodure de potassium.
[50] Méthode pratique : Verser les gouttes de iodure et de bromure de potassium dans le(s) blanc(s) d'œuf. Monter en neige. (Blanquart-Evrard note que ce papier est très peu sensible).
[51] Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, tome XXX, p. 663, 27 mai 1850.
[52] Naef Weston J., op. cit., p. 55.
[53] Baldus, Mémoire déposé au secrétariat de la société d’encouragement pour l’industrie nationale contenant les procédés à l’aide desquels les principaux monuments historiques du Midi de la France ont été reproduits par ordre du Ministre de l’Intérieur, par Edouard Baldus, peintre, Masson, Paris, 1852.
[54] Ibid., p. 12-13.
[55] Tel Stéphane Geoffray, dans La Lumière, 16 juin 1855, p. 95.