Cette étude n'aurait pu être menée sans la participation des personnes que je tiens ici à remercier.

 

 

            M. Joël Snyder, professeur à l'université de Chicago, pour les nombreux conseils pratiques qu'il a bien voulu me fournir,

            M. Michael Gray, conservateur au musée Fox Talbot de Lacock, pour ses conseils bibliographiques et techniques,

            M. Martin Becka, photographe, pratiquant le papier ciré sec, pour notre entretien fort instructif et pour les nombreux détails techniques qu'il a bien voulu me donner,

            M. Patrice Schmidt, photographe au musée d'Orsay, pour son expérience technique des procédés historiques qu'il m'a fait partager,

            M. Alan Greene, photographe, pratiquant le calotype, et M. Mark Osterman, historien à la George Eastman House, pour l'intérêt qu'il m'ont manifesté,

            M. Vincent Rousseau, conservateur-adjoint au musée des beaux-arts de Nantes, pour son aide apportée à la biographie de Le Gray,

 

            Le personnel de la Société française de photographie, pour la grande facilité d'accès aux collections,

            M. Sébastien Lemaire, doctorant en chimie organique à l'université Paris 6, pour nos discussions chimiques,

            MM. Thierry Donnay et Christian Nze, de la liste de discussion Photogramme,

            Mme Edith Amar, d'Atlantis France, et l'entreprise Arjomari, pour les quantités impressionnantes d'échantillons de papier fournis,

            M. Bertrand Lavédrine, chercheur au CRCDG (matériaux photographiques et cinématographiques), pour m'avoir permis de prélever quelques échantillons sur un livre ancien.

 

 

Parmi les personnes travaillant à l'école nationale supérieure Louis Lumière, je tiens à remercier particulièrement :

 

            MM. Bernard Leblanc et Alain Sarlat, professeurs de sensitométrie, pour l'accès au matériel du laboratoire, ainsi que pour les conseils prodigués, 

            MM. Bernard Lemelle et Roland Menegon, professeurs de prise de vue, pour m'avoir permis l'utilisation d'une chambre photographique et du matériel correspondant,

            MM. Pascal Martin, professeur en optique photographique et Xavier Ghersa, assistant au laboratoire d'optique, pour l'utilisation de leur matériel,

            Mme Marie Guerrier, du service financier, pour sa disponibilité, sa gentillesse et son soutien,

M. Philippe Lermier, professeur en section cinéma, pour son aide apportée au sujet de ma bibliographie,

            Mme Catherine Sorton, documentaliste au C. D. I. de l'école, pour son aide de tous les jours.

 

Je n'oublierai pas d'évoquer les étudiants de l'école qui m'ont aidé le long du mémoire, notamment Delphine Mayeux, Patrick Berthou, Gaëlle Tréhony, Nicolas Bonnier, Hervé Chavasse et Vincent Fillon.

 

 

Mais les personnes sans qui cette étude n'aurait jamais été réalisée sont :

 

            mes parents,

            Chiara Reali,

            M. Olivier Monge, professeur-adjoint au laboratoire Noir&Blanc,

            mon directeur de recherche, M. Jean-Paul Gandolfo, professeur au laboratoire Noir&Blanc, pour ses conseils, son enthousiasme et sa disponibilité quotidienne.

 

 

 

Introduction

 


On assiste depuis la fin du XXème siècle à un renouveau de la pratique des procédés historiques. Cette évolution privilégie les systèmes permettant de produire des épreuves positives, car les négatifs sont pratiquement toujours issus de la filière technique du gélatino-bromure d'argent. Les négatifs primitifs sur papier ont fait l'objet de plusieurs recherches historiques,  mais bien peu d'études ont été entreprises sur la technologie de ces procédés. Or, ne plus pratiquer un procédé, c'est souvent l'oublier et par conséquent participer à  sa disparition. Certes, le calotype de Henry Fox Talbot est un peu moins délaissé ; il occupe légitimement une place privilégiée dans le processus d'invention de la photographie, puisque il introduit pour la première fois le concept de négatif. Face à son illustre prédécesseur, le papier ciré sec de Gustave Le Gray, qui apparaît en 1851, n'est pratiqué de nos jours que par un nombre restreint d'opérateurs capables d'en maîtriser les difficultés de mise en œuvre et les finesses de restitution.

 

            Ce procédé original à base de cire d'abeille ne peut être considéré comme une simple variante du calotype de Fox Talbot. Car le papier ciré sec se distingue vraiment des autres procédés sur un point particulier : on peut le préparer et le conserver plusieurs jours. C'est le procédé attendu par les photographes voyageurs ; il est désormais possible de s'affranchir momentanément du matériel de laboratoire, et de photographier avec une chambre et un portefeuille de papiers cirés pour seul bagage. Quelques années plus tard, le négatif sur verre au collodion humide, qui succède au négatif papier, a perdu cette particularité remarquable.

            Le papier ciré sec est aussi mis en valeur par la personnalité attachante et mystérieuse de son inventeur, dont une partie de la biographie reste à écrire. Quand Le Gray publie son premier traité sur la photographie en 1850, il débute pour ainsi dire dans ce jeune art naissant ; après une formation de  peintre et quelques expériences en daguerréotypie, il démontre une dextérité étonnante en chimie photographique. On le croit entièrement dévoué à son activité de photographe et de professeur, mais il fuit en Egypte, pour y mourir de longues années plus tard. C'est un praticien habile, et un touche-à-tout : outre le négatif papier, il est l'un des premiers à évoquer l'usage du collodion pour la réalisation de couches sensibles, et se rendra maître de ce procédé quelques années plus tard. Mais surtout, Le Gray acquiert une maîtrise du tirage rarement égalée parmi l'ensemble des photographes du XIXème siècle. La qualité de sa production est directement liée à l'engouement qu'il suscite aujourd'hui sur le marché de la photographie de collection ; c'est ainsi qu'une de ses épreuves (la Grande Vague à Sète) est devenue en octobre 1999 la photographie ayant atteint les enchères les plus élevées, dans une vente publique.

            D'autre part, la cire d'abeille est un vecteur non négligeable de la bonne conservation du négatif papier. Les papiers cirés secs de la Mission héliographique sont en très bon état, malgré les quelques 150 années qui nous séparent de leur fabrication. D'ailleurs, un papier ciré et totalement traité est un matériau qui fait moins référence à la cellulose qu'au futur support plastifié. Le fait qu'un négatif papier soit observable non seulement par transmission, mais aussi par réflexion lui assure une légitimité supplémentaire vis-à-vis des négatifs sur verre ou sur supports souples ; cette particularité amène à considérer le négatif papier comme l'égal du tirage, et à le hisser au rang d'épreuve.

 

            On comprendra donc l'utilité et la justification d'une étude sur le procédé Le Gray, dont le cent cinquantenaire de la publication aura lieu l'année prochaine ; la connaissance de son processus de fabrication peut aider à l'expertise de documents photographiques, à la détection des originaux et à la compréhension de leur structure.

Nous avons axé notre étude sur la recherche d'une formulation contemporaine du papier ciré sec, permettant d'explorer la capacité de restitution du procédé dans une application alternative. Cet objectif nécessite une étude bibliographique approfondie dans laquelle nous privilégierons les sources primaires se rapportant à la filière du négatif papier.

Nous évoquerons ainsi les origines du négatif papier à travers Henry Fox Talbot, sa diffusion en France par Blanquart-Evrard et les premières variantes connues. A la suite d'une biographie détaillée de Gustave Le Gray, qui sera articulée autour de ses découvertes techniques et  son activité de photographe, un chapitre analysera les deux importants traités de l'inventeur, puis les variantes du papier ciré sec proposées par les photographes de son époque.

            Le support du procédé est un  paramètre important ; nous aurons donc besoin, après un rappel historique sur l'industrie papetière au temps de le Gray, d'étudier les composantes même du papier ainsi que les modes de production actuels ; nous pourrons voir si notre papier contemporain est compatible avec le papier ciré sec. Un chapitre plus condensé sur la cire d'abeille et les autres produits de huilage viendra clore cette partie technologique[1].

Une fraction importante de notre partie expérimentale consistera à obtenir un résultat correct avec les formulations de Le Gray : il faudra trouver un rendu des valeurs acceptable, en fonction d'une sélection de papiers et d'un protocole de traitement approprié. Nous rechercherons ensuite à modifier le traitement de manière à obtenir un rendu similaire tout en évitant l'emploi de certains produits toxiques, et en incluant d'autres produits de ioduration et de développement. La dernière phase de notre étude portera sur les produits de huilage que l'on peut substituer à la cire d'abeille ; nous verrons alors s'il est possible d'améliorer le rendu, ou d'augmenter les hautes densités avec ces modifications.

 



[1] Le lecteur pourra se référer au cours de cette partie au lexique dédié aux termes techniques, situé en annexe.